Nous vous souhaitons la bienvenue à notre événement annuel qu’est la remise du Prix Victoire Ingabire Umuhoza pour la Démocratie et la Paix. Nous en sommes aujourd’hui à la 12ème édition et c’est un réel plaisir de voir certains d’entre vous qui sont là depuis la toute première édition mais aussi d’autres qui nous rejoignent d’année en année. Soyez-en tous remerciés !
Cette cérémonie est toujours organisée autour du 8 mars de chaque année, date à laquelle nous célébrons la journée internationale des droits de la femme. L’ONU consacre soigneusement chaque année un thème à cette journée et cette année-ci, le thème est : “Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes”.
Un thème qui semble très indiqué dans ce siècle où les avancées technologiques montent en flèche et où manifestement le digital s’invite au quotidien de tout un chacun.
Force est de constater que même dans ce de domaine, dans certaines régions du globe, la gente féminine voit ses droits régresser et est (la gente féminine donc) de plus en plus éloignée des milieux stratégiques, que ce soit des écoles ou des lieux de travail.
Pour certaines femmes africaines, spécialement celles de la Région des grands lacs africains, ravagée par des guerres incessantes et des conflits qui déchirent les peuples entiers, le besoin est tout autre.
En effet, nul n’ignore que la guerre en RDC est en train de devenir l’une des guerres les plus meurtrières en Afrique si pas dans le monde et que les violences sexuelles faites aux femmes sévissent depuis maintenant plus de 25 ans.
Face à ce macabre constat, Le Réseau International des Femmes pour la Démocratie et la Paix a choisi cette année de plaider pour le silence des armes, d’où notre thème : Refusons le bruit des armes, une vie sans dignité.
En effet , dans la situation actuelle où les femmes de la RDC subissent des violences de tout genre, que les violences sexuelles sont devenues tristement monnaie courante, que les femmes deviennent des chairs à canon; dans la situation où la pauvreté fait rage dans des familles, où les femmes se heurtent à des obstacles majeurs qui ne leur permettent plus de subvenir aux besoins de leurs enfants, encore moins de les éduquer comme elles le voudraient, il est plus que temps de s’insurger et d’exiger que les armes se taisent.
Nous soulignons également que ce triste sort n’est pas réservé qu’aux femmes. Nous pensons notamment à tous ces jeunes enrôlés de force dans des armées sans savoir pour quelle cause ils se battent ; nous pensons à tous ces jeunes à qui on impose de tuer, de massacrer leurs semblables. Transformés en machine à tuer, ces jeunes hommes finissent en fait par tuer leur propre avenir tout en mettant fin à la vie de leurs concitoyens. Aucun mot ne peut décrire l’horreur qui se déroule au sein de ces communautés.
Nous pensons aussi à tous ces enfants qui ne reprendront plus jamais le chemin de l’école et dont l’avenir est complètement hypothéqué. Des générations entières réduites en sous-hommes car sans avenir. La guerre n’est donc pas une option pour régler les conflits car les pertes des vies humaines enregistrés ainsi que les séquelles que laissent la guerre sur des populations entières sont incommensurables et souvent indélébiles.
Il est important de rappeler que la région des Grands Lacs africains est dans l’insécurité depuis octobre 1990, quand le mouvement rebelle du FPR a attaqué le Rwanda. Depuis, ce n’est qu’un enchaînement d’événements teintés de violence inouïe. Un drame humain sans égal s’est installé dans cette région, au vu et au su de tout le monde, et les acteurs de cette tragédie restent impunis.
Les media mainstream parlent à peine de la situation dans la Région, ce qui fait qu’elle est mal connue par le grand public.
Nous en appelons à toutes les instances et personnes de bonne volonté d’user de leur puissance pour mettre la pression sur les belligérants afin surtout de sauver des vies humaines de simples civils qui ne demandent que leur droit de vivre en paix ou je dirai de vivre tout court : un droit des plus élémentaires.
Nous, les femmes rassemblées au sein du Réseau International des femmes pour la Démocratie et la Paix, élevons nos voix pour dire : non à la guerre, que cesse le bruit des armes, non à une vie sans dignité !
Nous manifestons notre soutien aux populations civiles de la région des Grands Lacs africains, en particulier au peuple congolais qui vit aujourd’hui un calvaire.