Prix Jeunesse engagée – 7ème édition

Une soirée à l’honneur de «La Relève» au cours de laquelle Léonille Gasengayire et Rachel Mwanza ont été décernées le «Prix Jeunesse engagée» 7ème édition

Samedi 16 Octobre 2016, l’organisation Réseau international des femmes pour la démocratie et la paix a organisé la soirée dédiée à La Relève.

Une occasion de reconnaître le mérite cette jeunesse qui s’engage pour l’amélioration des conditions de vie de la société.

Dévoilement des lauréates du Prix Jeunesse engagée. 

Sous les applaudissements nourris du public, le prix Jeunesse engagée a été décerné à deux lauréates qui ont mérité les trophées de cette 7ème édition à savoir :

1.Rachel Mwanza, congolaise

Cette jeune fille, congolaise, habite aujourd’hui à Montréal. Elle a 17 ans et son vœu le plus cher est de venir en aide aux enfants de la rue de Kinshasa et d’ailleurs. Elle-même enfant de la rue il y a seulement quelques années, ne sachant ni lire et écrire, aujourd’hui elle fait sa scolarisation grâce à une famille québécoise qui l’a adoptée.  Elle a créé une fondation en collaboration avec l’Unesco pour aider des enfants de la rue du Congo et d’ailleurs à aller à l’école, plus de détails dans les lignes qui suivent.

Bien que n’ayant pas pu assister à l’évènement, le message de Rachel Mwanza était écrit sur les premières pages de son livre «Survivre pour voir ce jour».  Il a été livré à l’assemblée, par Espérance qui l’a lu fidèlement comme si on entendait Rachel parler.

2.Léonille Gasengayire
Quant à Léonille Gasengayire, ce fût la coordonnatrice du RifDP Belgique, Daphy Nkundwa qui a parlé du courage de Léonille Gasengayire  aujourd’hui emprisonnée au Rwanda simplement parce qu’elle a eu le courage d’apporter à manger à Mme Victoire Ingabire Umuhoza en prison. L’objectif du gouvernement de Kigali étant de décourager toute personne qui soutient ou qui écoute la voix des opposants. A l’heure où elle a reçu le prix lui décerné, le RifDP n’avait pas de nouvelles d’elle depuis plusieurs mois. Le trophée a été confié à  Mme Daphy Nkundwa en espérant qu’un jour Léonille sera libérée pour le recevoir en mains propres.

Reportage complet  de la journée.

L’invitation avait été lancée pour 10h30.  Les premières invitées étaient sur place à 9h30.  En effet une délégation de 4 femmes burundaises, militantes des droits de la personne, préoccupées également par la situation socio-politique venant d’Ottawa ne voulaient rien manquer de cette belle activité familiale dont elles avaient entendu parler.  Elles ont donc fait un voyage d’une heure trente pour soutenir les jeunes.  D’autres invités venant d’aussi loin que Toronto, de Sherbrooke, de Gatineau, de Trois Rivières et de Montréal évidemment n’ont pas tardé à combler la salle. Les salutations étaient chaleureuses et intergénérationnelles puisque c’est par famille entière que les gens arrivaient.  Les plus jeunes comme les grands étaient heureux de se retrouver en ce beau dimanche. Les couleurs d’automne étaient au rendez-vous.  Le tout faisant une matinée des plus agréables d’autant plus qu’un brunch copieux avait été préparé et servi par les femmes du RifDP.

Pour être fidèle au paysage diversifié de Montréal, les gens dans la salle provenaient également de plusieurs origines, du Rwanda, du Congo, du Burundi,  d’Egypte , d’Algérie , d’Italie, de la Tanzanie, de la Belgique , du Pakistan, du Liban , du Québec et du Canada évidemment.

Le thème du jour était « J’agis : Je change le monde»

Avant d’entamer le débat, la coordonnatrice Perpétue Muramutse a salué le public avec un mot qui nous rappelle,  comme chaque année, d’où vient la motivation des femmes du Réseau International des femmes pour la démocratie et la paix. Notre objectif étant de participer à la construction d’un monde meilleur puisque nous avons été et nous sommes encore témoins des événements tragiques de nos pays d’origine ; nous avons décidé de ne pas fermer les yeux sur ce qui nous entoure et d’agir.

Mme Jeannine Hakizimana, adjointe à la coordination a présenté le bilan du RifDP faisant  part des réalisations antérieures , ainsi que de son plan d’action dans un proche avenir rappelant qu’aujourd’hui le Réseau international des femmes pour la démocratie et la paix est devenu une organisation très solide dont les activités sont très fréquentées et ce dans différents pays et par des gens de plusieurs origines. Son site internet  www.rifdp-iwndp.org en est  un témoignage  éloquent.

Un  panel composé de 11 jeunes certains étudiants au Collège, d’autres à l’université ou encore déjà professionnels dans leur milieu, ont débattu sur le sujet suivant :

Les enfants de la rue et / ou les jeunes de la rue.  Un phénomène qui menace la vie des enfants et des jeunes dans les pays en voie de développement.

Voici les questions autour desquelles les jeunes ont mené le débat :

  • Pourquoi certains pays produisent les enfants et/ou les jeunes de la rue ?
  • Quel avenir pour ces enfants et ces jeunes ?
  • Peut-on se contenter d’observer ce phénomène sans réagir ?
  • Aurions pu nous aussi être ces enfants ou ces jeunes de la rue ?
  • Quel rôle pouvons-nous jouer, nous en tant qu’adultes de demain et leaders dans nos milieux respectifs pour éradiquer ce fléau des pays dits en voie de développement ?
  • Peut-on faire un parallèle avec les sans-abris des pays développés ?

Pour ce faire les jeunes se sont inspirés d’une histoire extraordinaire d’un enfant de la rue de Kinshasa. Elle nous raconte la dureté de sa vie dans les rues de Kinshasa et l’espoir qui est né en elle depuis qu’elle est devenue une vedette de cinéma. Un hasard heureux qui a transformé littéralement sa vie. Deux documentaires sur sa vie ont été projetés dans la salle. Elle s’appelle Rachel Mwanza, devenue star pour avoir joué le rôle d’un enfant soldat dans le film “Rebelle” d’un réalisateur canadien.  Cette jeune fille habite aujourd’hui Montréal, elle a 17 ans et son vœu le plus cher est de venir en aide aux enfants de la rue de Kinshasa et d’ailleurs. Ne sachant ni lire et écrire, aujourd’hui elle fait sa scolarisation grâce à une famille québécoise qui l’a adoptée.  Elle a créé une fondation en collaboration avec l’Unesco pour aider des enfants de la rue du Congo et d’ailleurs à aller à l’école.

Un deuxième documentaire a été présenté sur le« camp Iwawa » du Rwanda qui relate  la triste réalité des jeunes rwandais enfermés dans un camp d’Iwawa dont les objectifs sont controversés.  La question qui était posée était celle-ci :

Pourquoi un pays en arrive à enfermer sa jeunesse dans des camps loin de leur famille, les déracinant ainsi de leur milieu familial et social ?

Les interventions des jeunes sont allées dans le sens de fustiger ces mauvaises conditions dans lesquelles vivent ces jeunes. Ces conditions ne leur donnent aucune chance d’être en mesure d’être acteurs dans la société car ils n’auront pas de connaissances qui leur permettront d’être compétitifs.  Ils sont donc voués à être des ouvriers de bas niveau qui n’auront aucun pouvoir décisionnel dans la direction de leur pays.

De plus ils vivent loin de leurs familles donc perdent tous les repères indispensables à une vie d’adulte équilibré. Les jeunes ont été touchés par cette misère qui guette les jeunes africains et ont souhaité que les dirigeants réfléchissent davantage pour corriger leurs façons de faire.

Après ce débat des jeunes Monsieur Patrick Mbeko, politologue originaire du Congo Kinshasa  a éclairé le public sur les points suivants

Le camp Iwawa n’est autre chose qu’une chasse aux pauvres et des arrestations arbitraires des personnes indésirables par le régime de Kigali. Le camp Iwawa est tout simplement une prison pour toute cette jeunesse gênante pour plusieurs raisons. Pour éclairer le public toute une série de questions posées par des jeunes avaient été adressées à Monsieur Patrick Mbeko : en voici quelques-unes.

  • Est-ce-que les enfants ou les jeunes de la rue ont toujours existé en Afrique ?
  • Qu’est-ce qui fait que l’on voit de plus en plus de pays africains qui produisent les enfants ou jeunes de la rue ou encore cette jeunesse désespérée qui immigre vers les pays occidentaux au risque de leur vie ?
  • Pourquoi l’Afrique n’est pas capable d’encadrer sa jeunesse ?
  • Ces jeunes dont on dit qu’on rééduque : Pensez-vous que cette rééducation soit suffisamment efficace pour en faire des individus capables de prendre des responsabilités dans leur pays ou dans leur communauté. Vont- ils plus tard être capables de subvenir aux besoins de leurs familles
  • Y-aura-t-il des conséquences fâcheuses résultant de cette situation sur la société africaine en général ?
  • Que peut-on faire pour corriger cette situation ?

Monsieur Mbeko a insisté sur le fait que l’Afrique ne peut guérir de tous ses maux si elle ne s’attaque pas aux causes véritables plutôt qu’en traitant  superficiellement les conséquences. Voir qu’un gouvernement peut utiliser des méthodes inhumaines et inadéquates, comme enfermer sa jeunesse dans des camps qui sont en réalité de véritables prisons est inadmissible dans une société qui se respecte.

Il a pointé du doigt  la mauvaise gouvernance qui règne aujourd’hui en Afrique et en particulier dans la région des grands lacs africains où les Etats sont incapables de mettre en place des structures qui encadrent de façon efficace la jeunesse. La plupart des jeunes ne reçoivent pas une éducation suffisante et ceux qui sont formés ne trouvent pas d’emploi. Or il est de la responsabilité de l’état de créer des conditions structurantes pour donner une chance à cette jeunesse de s’épanouir dans toutes les sphères de la société et non de penser qu’en les enfermant le problème sera résolu. 

Le Maire de Saint Laurent, Monsieur Alan DeSousa a honoré cet évènement de sa présence. Dans le mot qu’il a adressé au public mais spécifiquement aux jeunes il a insisté sur le fait qu’ici au Canada les jeunes ont beaucoup d’opportunités pour réussir leur intégration et qu’il faut juste se dire que notre travail personnel comptera beaucoup pour y arriver. Rien n’est exclu mais rien n’est pas acquis sans notre volonté personnelle a-t-il insisté. D’origine pakistanaise, il a donné l’exemple de son parcours ici au Canada et de comment il a pu prendre sa place pour devenir un citoyen à part entière et arriver à la place qu’il occupe aujourd’hui. Son expérience a inspiré beaucoup de jeunes qui étaient dans la salle. 

Mme Daphrose Nkundwa coordonnatrice du Réseau International des femmes pour la démocratie et la paix section Belgique , qui a fait le déplacement de Bruxelles à Montréal pour saluer l’engagement des jeunes dans l’amélioration du sort de leur peuple, a parlé sur la situation et les conditions de vies désastreuses des femmes dans la région des grands lacs africains notamment en parlant des femmes violées en République Démocratique du Congo – RDC et qui passent dans l’oubli des médias internationaux. Reconnaissant le courage des médecins qui donnent des soins à ces femmes, il n’est pas moins important de s’insurger sur le fait d’en arriver à parler de réparer les femmes et de continuer à en parler année après année comme si ces actes barbares qui conduisent ces femmes dans ces conditions au-delà de l’imaginaire n’étaient pas le résultat de la barbarie des hommes. Le monde devrait porter la honte d’en être arrivé à ce point et de ne poser que très peu de gestes pour endiguer cette situation. Comme si cela ne suffisait pas, a-t-elle dit, les femmes sont aujourd’hui punies parce qu’elles sont pauvres. Elle a évoqué le cas des femmes vendeuses sur les rues, maltraitées jusqu’à la mort par les agents d’ordre au Rwanda dont le cas le plus documenté est celui de Mme Théodosie Uwamahoro

Le cas des femmes qui luttent pour la démocratie et l’implantation des droits humains et du respect de la personne ont aussi leur lot de sentences exemplaires dans la région des grans lacs africains.  Les exemples cités sont Illuminée Iragena disparue et torturée par la police, probablement à mort puisque sa famille est sans nouvelle depuis plusieurs mois et celui de Léonille Gasengayire arrêtée également et emprisonnée dans des conditions intolérables des prisons du Rwanda. Ceux-ci sont quelques cas connus sans oublier toutes ces femmes qui croupissent en prison à commencer par Mme Victoire Ingabire Umuhoza dont le seul tort est d’avoir demandé la justice pour tous et d’avoir exprimé son souhait de se  porter candidate aux présidentielles de 2010 au Rwanda.

Mr John Philpot avocat criminaliste basé à Montréal qui a beaucoup travaillé sur le dossier du Tribunal pénal international pour le Rwanda d’Arusha a pris la parole  dans la rubrique appelé les «Nouvelles des grands lacs africains » et a développé  trois points pour donner des éclaircissements au public à savoir :

  • L’importance de l’adoption de la Résolution du Parlement européen du 6 octobre 2016 sur le Rwanda: l’affaire Victoire Ingabire (2016/2910(RSP))
  • La situation du Burundi en bref.
  • La création du Réseau d’Appui aux prisonniers politiques rwandais .

Détente : Le diable et la déesse au pays des mille collines.

Le public a eu droit à une détente en écoutant la deuxième partie du conte « Le diable et la déesse au pays des mille collines» un texte écrit par Perpétue Muramutse sous son chapeau de conteuse, avec les voix de Monique Meunier et Perpétue Muramutse.  Un Quiz était posé à l’assemblée donnant lieu à une participation active et intergénérationnelle de la salle pour le résoudre.

La passation de flambeau aux nouveaux de la Relève a clôturé la soirée avec l’accueil des nouvelles mamans et des bébés. Les présents ont été offerts par une ribambelle de jeunes allant de 4ans à 14 ans ainsi que les dames du réseau international des femmes pour la démocratie et la paix. Dans leurs tenues africaines du plus petit au plus grand, une ambiance familiale et festive a terminé cette soirée combien émouvante.

En utilisant les mots de recherche Rwanda’s Island Prison et Rachel Mwanza la star aux pieds nus, vous accéderez à la documentation relative au sujets débattus ce jour-là.

 Fait à Montréal, le 16 Octobre 2016

Perpétue Muramutse pour l’équipe du RifDP/section Canada.