Discours de Mme Marie Louise Gakwaya

Discours de Mme Marie Louise Gakwaya

Discours de Mme Marie Louise Gakwaya, coordinatrice de la section belge du RifDP, lors de la remise du Prix en rapport avec le thème de la Journée internationale des Droits de la Femme, Mars 2025.

Discours de Mme Marie Louise Gakwaya, coordinatrice de la section belge du RifDP, lors de la remise du Prix en rapport avec le thème de la Journée internationale des Droits de la Femme, Mars 2025

Mesdames et Messieurs, Distingués invités, Chers amis, Chers partenaires,

C’est avec une profonde émotion et une immense reconnaissance que je vous adresse la parole ce soir, à l’occasion de la remise du Prix Victoire Ingabire Umuhoza. Ce prix, qui porte le nom d’une figure emblématique de la lutte pour la liberté, la justice et les droits humains, rend hommage à toutes celles et ceux qui, bravant obstacles et persécutions, défendent l’égalité, la dignité et la liberté pour tous.

Alors que nous célébrons les progrès en matière de droits des femmes, force est de constater que le chemin vers l’égalité demeure semé d’embûches. Le thème de l’ONU pour cette année, « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation », résonne comme un appel pressant à l’action. Il nous faut garantir des droits égaux à toutes les femmes et les filles, favoriser leur autonomisation et leur permettre de participer pleinement à la société et d’atteindre leur plein potentiel. Pour y parvenir, nous devons rompre les chaînes de l’injustice et de l’inégalité qui entravent leur liberté.

Cette 14ème édition du Prix VIU est placée sous le thème, choisi par le réseau international des femmes pour la démocratie et la paix , à savoir : « Exigeons la dignité à la vie et dénonçons l’instrumentalisation de la femme. » Trop souvent, la femme est instrumentalisée pour servir des intérêts politiques ou économiques, réduite au rôle de victime ou d’outil de propagande. Or, la femme doit être actrice de sa propre vie, libre de choisir son destin. Cette dignité fondamentale doit être exigée pour toutes, partout et sans exception.

Je voudrais aujourd’hui évoquer la situation préoccupante des femmes parlementaires rwandaises. Au lieu de représenter pleinement le peuple, elles sont trop souvent contraintes au silence, à dissimuler leurs opinions ou à renoncer à défendre les causes qui leur tiennent à cœur. Cette situation est inacceptable. Les femmes doivent pouvoir s’exprimer librement dans toutes les sphères de la vie publique et défendre sans crainte les droits de tous les citoyens. Elles ne doivent pas être de simples figures symboliques, mais de véritables leaders capables de faire entendre la voix de ceux qu’elles représentent.

Parallèlement, il est impossible d’ignorer les violences subies par les femmes commerçantes ambulantes. Dans leur lutte pour subvenir aux besoins de leurs familles, elles sont constamment confrontées à des agressions physiques et verbales, et à toutes sortes d’abus. Ces femmes, souvent invisibles et marginalisées, sont pourtant essentielles à la survie de leurs familles et à l’économie de leurs pays. Leur travail et leur contribution doivent être reconnus et protégés. Il est temps de mettre fin à ces violences et offrir à ces femmes des conditions de travail dignes et sécurisées.

La situation tragique des femmes victimes de la guerre à l’Est de la République démocratique du Congo est particulièrement alarmante. Femmes, enfants et personnes âgées sont les principales victimes de cette violence extrême : viols, massacres, déplacements forcés et destruction de leurs foyers. Ces atrocités, confirmées par les rapports des organisations partenaires présentes dans la région, doivent être dénoncées et combattues sans relâche. Nous avons le devoir moral de soutenir ces femmes, de faire entendre leurs voix et de veiller à ce que justice leur soit rendue. La guerre a trop duré, l’impunité doit cesser.

Nous nous réjouissons des sanctions récemment prises par l’Union européenne contre le Rwanda, en réponse à l’agression envers la RDC et aux violations des droits humains. Ces sanctions soulignent l’importance de la responsabilité et de la transparence dans la gouvernance. Elles constituent un message clair : les violations des droits humains, l’oppression et l’instrumentalisation des femmes ne seront pas tolérées. C’est un signal fort en faveur de la justice et de la dignité pour toutes les populations de l’est de la RDC et de la région des Grands Lacs africains.

Nous sommes à un tournant décisif. Les droits des femmes ne sont plus une option, mais une priorité absolue. Ils doivent être au cœur des décisions politiques, économiques et sociales. La dignité humaine, la justice et l’égalité doivent être nos priorités. Nous devons poursuivre ensemble le combat pour l’émancipation, la protection et l’autonomisation des femmes. Car lorsque nous libérons les femmes, nous libérons l’humanité toute entière.

L’histoire du Rwanda porte les stigmates de blessures profondes, et le chemin vers la réconciliation, la paix et la prospérité reste long et difficile. Pourtant, Victoire Ingabire Umuhoza nous rappelle sans cesse que la paix ne peut se construire sans vérité, sans justice et sans respect des droits fondamentaux de chaque individu.
En ce mois de mars, nous rendons hommage à toutes celles et ceux qui, à l’instar de Victoire Ingabire Umuhoza, ont fait de nombreux sacrifices pour le respect des droits humains. Son engagement témoigne que l’amour de son pays et la défense des idéaux démocratiques transcendent le confort et la sécurité personnelle. Nous saluons toutes celles et ceux qui luttent contre l’injustice et qui, malgré les difficultés, continuent de croire en un monde plus juste. Le chemin est long, mais ensemble, nous pouvons y parvenir.

Merci à vous toutes et tous pour votre engagement indéfectible. Ensemble, exigeons la dignité, la liberté et l’égalité pour toutes les femmes. Dénonçons leur instrumentalisation pour qu’elles puissent enfin s’épanouir pleinement.