Appel à la Vigilance et à l’Action pour la Paix contre le Climat Toxique au Rwanda

Appel à la Vigilance et à l’Action pour la Paix contre le Climat Toxique au Rwanda

COMMUNIQUÉ DE PRESSE.

Le Réseau international des femmes pour la démocratie et la paix est très préoccupé par le climat toxique qui règne au Rwanda ainsi que dans la région des grands lacs africains.

Ce climat toxique est malheureusement véhiculé par les institutions étatiques à commencer par la haute instance de l’État à savoir la présidence de la République rwandaise par le biais du président Paul Kagame lui-même.

En effet dans ses récents discours, notamment celui du 12 décembre 2024 prononcé devant l’assemblée nationale à l’occasion de l’assermentation de la présidente de la Cour Suprême. Ce discours a choqué l’audience et a été perçu comme instrumentalisant des assassinats de survivants du génocide pour réprimer l’opposition politique au Rwanda.

Le 14 novembre 2024, Pauline Nduwamungu, une survivante du génocide de 1994 âgée de 66 ans, a été assassinée dans le village d’Akabungo, cellule de Rubago, secteur de Rukumberi, district de Ngoma, dans la province orientale du Rwanda.

À la suite de cet acte, le Bureau d’enquête rwandais (RIB) a annoncé qu’une enquête était en cours et que plusieurs suspects avaient été arrêtés. À ce jour, aucune information supplémentaire n’a été communiquée par le RIB sur cette affaire. Notons que d’autres assassinats visant les rescapés du génocide ont eu lieu dans différentes régions du Rwanda. Nous les déplorons et nous les condamnons avec vigueur.

Le 12 décembre 2024, lors de la prestation de serment de la nouvelle présidente de la Cour suprême du Rwanda, Paul Kagame, président de la République rwandaise, a évoqué la nécessité d’appliquer la loi pour mettre fin aux meurtres de survivants. Tout en regrettant que la justice était défaillante pour stopper ces massacres, il a suggéré sans détours, que d’autres méthodes seront utilisées au besoin là où les institutions judiciaires échoueraient. Le président de la République rwandaise a martelé à plusieurs reprises que ces assassinats devaient être stoppés immédiatement par n’importe quel moyen. Ajoutant à la surprise de tous, que la manière dont ces assassinats seront stoppés ne doit pas être portée nécessairement à la connaissance du public.

Ces mots dits par un chef d’État ont raisonné très fort dans l’audience comme un signal tacite pour justifier des exécutions extrajudiciaires. Ces déclarations du Président Paul Kagame, laissaient entendre, également, sans preuves, une implication indirecte de l’opposante politique Victoire Ingabire Umuhoza, même s’il n’a pas cité son nom explicitement, dans l’assassinat de survivants du génocide.

Ces affirmations ont déclenché une vague de discours haineux sur les réseaux sociaux. Le 5 décembre 2024, le ministère public rwandais a accusé Victoire Ingabire Umuhoza d’être à l’origine d’un prétendu complot visant à renverser le pouvoir de Kigali. Il est donc clair que le gouvernement intensifie sa campagne pour discréditer Mme Victoire Ingabire Umuhoza, conformément aux déclarations antérieures du président Paul Kagame.

Victoire Ingabire, cible régulière du président Paul Kagame, est devenue un symbole de résistance non-violente au Rwanda et dans la Région des Grands Lacs Africains, ce qui lui vaut une reconnaissance nationale et internationale, notamment avec le Prix de la Liberté 2024 décerné par Liberal International lors de son congrès annuel à Santiago, au Chili.

Les manœuvres politiques des autorités rwandaises soulignent les défis auxquels le Rwanda est confronté en matière de justice, de réconciliation et de respect des droits humains. L’utilisation de ces tragédies pour asseoir un pouvoir autoritaire met en lumière une gouvernance basée sur la peur et la division.

Le Réseau international des femmes pour la démocratie et la paix en appelle à la vigilance du peuple rwandais et de la communauté internationale.

Notre appel est une alerte qui doit être prise au sérieux, pour stopper les ambitions macabres, d’où qu’elles viennent, qui ramèneraient le peuple rwandais dans de nouvelles tragédies.

Fait à Bruxelles le 20 décembre 2024.

Gloria UWISHEMA / Coordinatrice section Hollande
Marie-Louise GAKWAYA / Coordinatrice section Belgique
Chantal GAUDIOT/ Coordinatrice section France
Perpétue MURAMUTSE / Coordinatrice section Canada