9 mars 2019 – Mot d’ouverture de la Présidente du RifDP

Discours d’ouverture de la cérémonie de remise du prix Prix Victoire Ingabire Umuhoza pour la Démocratie et la Paix pour la 8ème édition, par Mme Marcelline Nduwamungu, la Présidente du RifDP

Prix Victoire Ingabire Umuhoza pour la Démocratie et la Paix 2019 ; Victoire, Diane, Kizito… sont libres, mais le combat est-il terminé pour autant ?

Mesdames, mesdemoiselles et Messieurs,

Bonsoir,

Le Réseau International des femmes pour la Démocratie et la Paix (RIFDP) est encore honoré de votre présence et est heureux de vous accueillir en Belgique à la cérémonie de la remise du Prix Victoire Ingabire Umuhoza pour la Démocratie et la Paix pour la 8ème fois.

Le 10 mars 2018, nous étions réunis comme nous le sommes aujourd’hui, pour attribuer le Prix 2018. Et entre les deux dates, des miracles se sont produits. Nous sommes très heureuses de vous dire que grâce aux efforts conjugués de vous, de nous, et d’autres anonymes qui y ont œuvré sans relâche et avec conviction, VICTOIRE EST LIBRE aujourd’hui et qu’elle peut suivre le déroulement de cette fête chez elle!! Même si elle n’est pas totalement libre, nous sommes confiantes que le reste viendra aussi. Nous aurions souhaité qu’elle soit parmi nous aujourd’hui pour voir d’elle-même la mobilisation de tout un chacun pour le bien commun de nous tous, c’est-à-dire la Justice. Et Victoire a encore besoin que justice lui soit faite ! la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples a condamné l’Etat rwandais à l’indemniser pour ses droits qui ont été bafoués par les tribunaux rwandais mais aucune réponse du gouvernement n’est encore venue. Depuis qu’elle est « libre », le gouvernement continue à exercer des pressions diverses sur elle, il lui empêche surtout de parler mais Victoire arrive quand même à s’exprimer de temps à autre. Il nous appartient de continuer à la suivre sans relâche, sinon la dictature aura gagné.

En même temps que le combat de Victoire, nous avions décidé de nous investir dans la lutte de Diane Rwigara contre la dictature. En 2017, nous lui avons attribué le Prix Jeunesse engagée, et voilà qu’elle et sa mère SONT LIBRES AUSSI !! N’oublions pas non plus la libération du chanteur Kizito Mihigo !

Merci beaucoup à tous pour tout votre soutien passé et présent, mais il nous en faudra encore ! Peu après les libérations successives opérées par le gouvernement, le président de la République a voulu rassurer ses brebis en disant que son pays ne connaissait pas le mot « pression », et que quiconque estime avoir été libéré sous la pression de l’extérieur risque de retourner en prison. Mais nous, nous sommes convaincu que la pression est nécessaire pour que les gouvernements dictatoriaux lâchent du lest.

Pendant ces 25 dernières années, le gouvernement rwandais a construit sa politique sur le mensonge, nous devons nous battre pour que la vérité triomphe, nous devons maintenir cette pression. Lorsque nous nous réjouissions de ces libérations, principalement sur les réseaux sociaux, j’ai pu voir un post sur Twitter qui disait « nous les avons libérés, de quoi allez-vous parler maintenant ? » ! Nous allons parler de la réconciliation, tiens ! de la justice sociale, de l’éclatement de la vérité, des disparitions forcées, des emprisonnements arbitraires, de la libération d’autres prisonniers politiques tels Déo Mushayidi, de la recherche de Boniface Twagirimana, porté disparu depuis 152 jours maintenant, de l’exportation de la violence dans les pays qui hébergent les réfugiés rwandais… les sujets de préoccupation ne manquent pas.

LA PEUR EST LE PIRE ENNEMI DE LA LIBERTE ! Libérons-nous de la peur et allons de l’avant !

M E R C I